Le chantier, une nouvelle voie d’ampleur au Capu d’Ortu

Décidément, le Capu d’Ortu nous attire ! Chacun de notre coté Jeff et moi, nous avions déjà eu l’occasion d’y répéter des itinéraires historiques et ensuite d’aller y ouvrir quelques nouvelles lignes…
Ainsi sont nées L’art et la manièreOrtugénèse ou encore Insomnie, 3 très grandes voies ouvertes en l’espace de 5 ans !
Mais la grande face nous hypnotisait et il fallait qu’on aille y faire un tour, histoire de voir s’il y avait moyen de passer… et c’était pas gagné d’avance.
– D’abord parce que la dalle de départ est très compacte et il n’y avait aucune certitude sur la possibilité de rejoindre le beau pilier rayé de fissures 50 m au dessus.
– Ensuite parce qu’il s’agissait de respecter la charte de l’équipeur validée en Corse, en s’efforçant de laisser cette face (comme certaines autres) vierge de tout spit.
– Enfin parce que d’autres inconnues de taille subsistaient, notamment le passage du « nez » à mi hauteur, et le mur final manifestement très compact.
Bref, on savait que cela risquait d’être besogneux, nous obligeant à emporter beaucoup de matériel pour faire face aux éventuelles surprises…
Au final, le caillou nous a encore laissé passer, non sans mal puisqu’il nous a fallu 2 séjours et 6 journées au total pour pouvoir en venir à bout en « bon style » , uniquement avec marteau / pitons, coinceurs et friends.
Dès lors, le nom était tout trouvé, le chantier, un voyage de 17 longueurs et 620 mètres d’escalade.
ED+  / 7a+ max et quelques pas de C2 / 6c oblig.   / Orientation Est
Ouverte les 13 et 14/04 puis du 1er au 4/10/2013 par JF Andreucci et T Souchard.
Matos : 1 alien bleu, 1 alien noir, 1 camalot n°5, 2 jeux de friends de l’alien vert au camalot n°4, tripler une ou 2 tailles moyennes et prendre un ou 2 friends hybrides ; coinceurs ; 10 sangles.
Approche : 2h, par le haut (stade de Piana) ou par le bas (camping funtana à l’ora), voir topo « Grandes voies de Corse« .
Le topo complet est disponible ici.
Ne vous fiez pas aux apparences, malgré le nom et le temps passé à l’ouverture, ce n’est pas une voie « besogneuse » en ce sens que les passages laborieux sont assez courts : un petit pendule au départ de L3, un rappel pendulaire à R7, et 5 pas d’artif’ dans L16.
Mis à part ça et la contrainte du hissage, la voie est vraiment un must de l’escalade en fissures, et il faut faire appel à toute sa technique pour s’en sortir… attention, gants de strap’  obligatoires (ou équivalent) !
Alors, avis aux répétiteurs, c’est une voie vraiment à faire pour qui aime l’escalade en fissures et la première en libre à la journée reste à faire !
Thierry
PS : grâce à des images « venues des airs », vous verrez dans le PDF le détail de tracé du mur final comme si vous étiez !

  • Départ de L1

    Un premier séjour en avril 2013 nous a permis de franchir le premier tiers, avec une première journée épique à "jardiner" pour gravir les 2 premières longueurs en escalade artificielle, nous obligeant à retirer beaucoup de terre pour trouver des fissures où poser quelques pitons branlants.
  • Départ de L2

    La récompense est venue le lendemain, après un petit pendule de quelques mètres, on parvenait à rejoindre le mur compact pour gravir 5 belles longueurs en fissures de tous styles sur un caillou parfait.
  • Dans L5

    Ce n'est que le début de l'aventure, et on voit bien sur la photo ci-dessous la suite de notre projet : rejoindre le "nez" monstrueux à gauche, puis le mur final dans l'axe (à droite, le dièdre Nord Est avait été ouvert dans les années 70)
  • L11 juste avant la nuit

    2e séjour début octobre, il faut reprendre le "travail". Le premier jour, on atteint le lieu prévu pour taper un rappel pendulaire de 40 m nous permettant de revenir dans l'axe. Descente en rappels de nuit pour rejoindre notre bivouac au pied de la face histoire de profiter de quelques courtes heures de sommeil bien à plat. Le lendemain, c'est parti pour l'Aventure, levé 5h30 et en guise d'échauffement, 150 m de cordes statiques à remonter en hissant notre maison sur le dos, à savoir 2 haul bag remplis à ras bord ! Et enfin, on peut se mettre à grimper, mais il est déjà tard et c'est dur, on ne pourra faire que 4 longueurs ce jour là avant de rejoindre une zone de bivouac très moyenne sur la droite... dommage, on a raté un super bivouac juste une longueur au dessus, il nous manquait une heure de jour !
  • Premier bivouac

  • Jumard au réveil

    Le lendemain après une nuit moyenne, lever 5h30 et c'est reparti, cette fois, il faut avancer mais ça commence par une longueur mouillée gravie en "mixte" artif' et libre qui nous fait perdre un peu de temps (Jeff l'a libérée en second, et c'est finalement assez abordable mais vu la taille du jardin au dessus, cela risque d'être souvent mouillé).
  • L13 : la machine est lancée, Jeff est surmotivé et les longueurs qui suivent sont superbes.

  • Départ de L15

    Le mur final tant redouté sera à la hauteur de nos craintes, il propose 2 longueurs raides en 6c obligatoire et pour finir, une traversée astucieuse (et salvatrice !) sur quelques pas d'artif pour rejoindre le dièdre Nord Est. Au départ de L15, Jeff est quand même perplexe... les fissures se font rares, juste ce qu'il faut pour se protéger mais la grimpe est plus subtile et rien ne laissait prédire le fait de pouvoir passer !
  • L15 : Jeff dans son errance…

  • Second bivouac

    Il est déjà tard et je termine la traversée à la nuit, bien heureux d'avoir trouvé juste les fissures qu'il fallait pour pouvoir passer... souvenir notamment d'un pas d'arftif pendu à un alien bleu et obligé de se mettre à l'horizontale pour pouvoir poser la protec' suivante ! Jeff me rejoindra à la frontale et on ira se poser sur une vire en contrebas pour notre second bivouac...
  • Last pitch

    Au petit matin, on termine enfin notre formidable périple
  • Base ???

    Nous y voilà, la fin d'une belle aventure pour nous, alors que d'autres y viennent "juste" pour un "petit saut" jusqu'au camping...