Pour en savoir plus sur l’auteur et la genèse du projet.

Interview réalisée par Climbing away et publiée sur leur site web en Octobre 2017. Version originale à voir ici


Bonjour Thierry. On te connait bien comme auteur du topo des falaises de Corse mais on n’en sait pas plus sur toi. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

J’ai commencé la grimpe vers 15 ans, mais ce n’est devenu une passion que 5 ans plus tard. A mon arrivée en Corse il y a 20 ans, j’ai voulu dépasser le stade de ‘consommateur’ et m’investir dans le développement de l’activité en rééquipant de nombreux secteurs et grandes voies autour d’Ajaccio, au Gozzi pour ceux qui connaissent. J’ai aussi participé à quelques ouvertures et surtout à la création avec des potes d’une salle d’escalade associative à Ajaccio pour palier à l’absence d’infrastructure. Puis avec Bertrand Maurin, on s’est lancé à compte d’auteur dans la réalisation du topo Falaises de Corse en associant le comité régional Corse FFME pour générer des retombées servant à l’entretien des sites. Enfin, j’ai aussi passé le BE escalade.
Les Météores, Linie den Fallenden Tropfens (Sourloti) – photo Guillaume Pellissier

La Corse n’était pas un terrain de jeu assez grand pour que tu crapahutes de la sorte tout autour du globe ?

Depuis mon arrivée en Corse, ma pratique personnelle est axée principalement sur la découverte et les grandes voies, de préférence sur coinceurs. Cela m’a d’ailleurs conduit à réaliser un topo de grandes voies en Corse. C’est avec la même motivation que j’ai été grimper un peu partout autour du monde en grandes voies principalement, inspiré et guidé par les beaux livres d’Arnaud Petit, les fameux « Parois de légende » qui ont été longtemps mes livres de chevet.

La Corse est un paradis de l’escalade encore sous-évalué mais ce n’est évidemment pas le seul. En allant voir ailleurs, j’ai pu découvrir de nouvelles cultures et souvent de nouveaux styles de grimpe. Le monde de l’escalade est petit et plutôt intimiste surtout chez les pratiquants de grandes voies. Les contacts avec les grimpeurs locaux se font naturellement et on peut apprécier chaque pays un peu plus de l’intérieur ; c’est l’occasion d’allier la grimpe à la rencontre et l’échange. Je suis d’ailleurs resté en contact avec des grimpeurs de bien des pays.

Et puis il y a les paysages bien sûr qui sont souvent marquants ; je pense par exemple aux parois de grès du Wadi Rum ou encore aux tours de poudingue des Météores, des lieux vraiment uniques. Mais on pourrait en citer d’autres comme l’imposante paroi d’El Capitan au Yosemite que j’ai déjà eu l’occasion de gravir à 2 reprises ou encore la main de Fatma au Mali (un endroit désormais à éviter…). L’escalade est un prétexte à la découverte et au voyage… à moins que ce ne soit le contraire.

Les grandes voies autour du monde : qu’est ce qui t’a poussé à te lancer dans un projet d’une telle envergure ?!

C’était presque une suite logique après la sortie du topo Grandes voies de Corse en 2012 et tous les voyages que j’avais déjà fait. Je me suis lancé avec la même envie de faire un topo ‘utilitaire’, c’est à dire précis dans les informations et suffisant pour un premier voyage vers chacune des destinations proposées, mais avec aussi de belles photos de grimpe pleine page pour faire rêver avant de partir. Dès lors, j’ai pris un grand soin à retourner sur les destinations choisies et parfois même à refaire des voies déjà gravies quand je l’estimais nécessaire.

Wadi Rum, sortie de Lion heart (Abu Aina Tower) – photo Cédric Bronnert

Combien de temps ça t’as pris et combien de sites sont décrits ?

J’ai commencé en 2013 mais un accident de moto début 2015 m’a freiné légèrement. J’ai mis les bouchées doubles depuis le début d’année pour le finir et réactualiser les informations sur les premiers sites visités. Il y a 7 sites décrits, certains trouveront que c’est peu mais à chaque fois, il y a suffisamment de voies pour remplir un premier séjour :

  • Les Calanques et le Verdon dans le Sud de la France, la Sardaigne : escalades calcaires tout équipées sur des parois et un environnement exceptionnel
  • Les Météores en Grèce : escalades assez abordables mais parfois très engagées sur des tours de conglomérat surréalistes
  • Le Wadi Rum en Jordanie : escalades ‘trad’ assez soutenues sur des parois de grès dans un environnement désertique inoubliable
  • Le massif du Tsaranoro à Madagascar : escalades équipées mais assez engagées sur des grands murs de granite
  • Les parcs de Red Rocks et Zion aux USA : escalades ‘trad’ souvent abordables sur des parois de grès réellement majeures

Qu’est ce qui t’as guidé vers les destinations retenues ?

L’intérêt ‘escalade’ a été le principal critère pour le choix des sites. Mais l’accessibilité depuis l’Europe, une météo assez stable sur les périodes propices et l’absence de tensions politiques rédhibitoires étaient aussi des conditions indispensables.

Le niveau obligatoire requis pour les voies présentées s’échelonne de 6a à 6c pour les voies équipées et de 5c à 6b pour les voies sur coinceurs.

Il y a une version numérique des Météores déjà disponible sur l’application Climbing Away. As-tu prévu d’en mettre d’autres en ligne ?

Oui, j’ai prévu de mettre toutes les destinations en ligne d’ici la fin de l’année.

Peux-tu nous en dire plus sur le bouquin ? Il est en plusieurs langues ? Combien de pages, format, prix et comment surtout se le procurer ?

C’est un livre au format classique « topo » 15X21, 328 pages tout couleur, prix public 35 euros.

J’ai choisi un titre en anglais, Rock around the World, parce que j’espère le diffuser au moins autant à l’étranger qu’en France : Il est entièrement bilingue français / anglais et sera distribué un peu partout en Europe à partir de début décembre 2017.

Wadi-Rum, The star of Abu Judaidah (Barrah canyon) – photo Cédric Bronnert

Ce topo est un topo de grandes voies. As-tu des conseils à donner aux grimpeurs de salle ou de falaise qui souhaiteraient se lancer dans la grande voie ? 

Quelle que soit la pratique, l’escalade est une activité qui peut être potentiellement dangereuse si on ne s’y prend pas correctement. Il me semble indispensable de commencer avec des gens qui seront capables de vous expliquer les bons gestes, que ce soit dans un cadre associatif ou en faisant appel à un professionnel directement ; cela passe aussi par l’observation et la curiosité, par exemple en parcourant ses premières grandes voies en second (avec un leader de cordée digne de confiance évidemment).

Et bien sûr, il ne faut pas griller les étapes, notamment pour passer au terrain d’aventures où il faut vraiment rester modeste lors de ses premières expériences : le plaisir n’est plus forcément ici dans la difficulté et la pure performance sportive mais dans la découverte et l’aventure bien plus forte qui en ressort.

Et toi ? C’est lequel ton site de grandes voies favori ?

La Corse évidemment ! C’est un immense terrain de jeu dont le potentiel semble inépuisable mais on risque de me taxer de chauvinisme.

A l’étranger, les Météores et le Wadi Rum sont les deux destinations qui m’ont le plus marquées ; je pense que tout grimpeur de grandes voies se doit d’avoir visité ces 2 sites au moins une fois dans sa vie !

Bizarrement ce ne sont pas les destinations où l’escalade est la plus belle intrinsèquement (attention, c’est tout de même de l’escalade superbe) mais il y a un supplément… allez, disons-le, spirituel quasi palpable.

Pour finir, peux-tu nous parler de l’actualité du topo des falaises de Corse ?

Je viens de mettre le point final au ‘topo monde’ et je bosse actuellement sur la nouvelle édition du topo Falaises de Corse. Elle devrait sortir en mars/avril 2018. Il y aura du nouveau, surtout dans le Sud de la Corse avec des falaises superbes tournées vers le haut niveau (jusqu’au 9a et plus !) et la confirmation d’une tendance, certes encore un peu marginale : les couennes en trad’ notamment sur Bavella : absolument majeur !

Le partenariat avec Climbing Away va se poursuivre en 2018 : après avoir déjà publié 3 régions de Corse en format numérique, on devrait poursuivre la diffusion d’ici le printemps prochain avec la totalité des falaises de Corse mises à jour disponibles sur l’appli.

Tsaranoro, Out of Africa (Tsaranoro Kely) – photo Guillaume Pellissier

Synthèse infos pratiques 

Titre du topo : Rock around the world

Auteur : Thierry Souchard, préface de Arnaud Petit

Prix public : 35 euros

328 pages tout couleur, qui détaillent 180 grandes voies sur 7 destinations autour du Monde !